Bilan AG AFCA-CIAL 2023 – La compétitivité des entreprises du secteur de la nutrition animale
Que fait l’AFCA-CIAL aujourd’hui ?
L’AFCA-CIAL en 5 mots :
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Représenter : Représenter et défendre les métiers du secteur français de la complémentaire de la nutrition animale
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Interagir : Etre à l’interface des entreprises du secteur et des autorités administratives compétentes, et collaborer avec les fédérations européennes
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Informer : Assurer une veille règlementaire et l’information des adhérents
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Communiquer : Promouvoir les métiers du secteur de la complémentation de la nutrition animale
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Agir : S’engager pour une nutrition animale sûre, saine et durable
Les actions de l’AFCA-CIAL s’articulent autour de 3 axes majeurs : la sécurité sanitaire, la nutrition-santé et la durabilité soutenus par un axe central : la compétitivité de nos entreprises.
La réalité économique des entreprises est indissociable des axes stratégiques : sécurité sanitaire, nutrition-santé & bien-être animal, durabilité. L’AFCA-CIAL agit depuis toujours dans l’intérêt économique et de la compétitivité des entreprises ; le Conseil d’Administration a décidé en 2022 de matérialiser cet engagement au travers d’un nouvel axe stratégique « compétitivité ».
Les administrateurs AFCA-CIAL ont présenté les principales actions 2022-2023 de l’association que vous retrouverez en détail dans le rapport d’activité (à télécharger au bas de cet article).
Intervention : La compétitivité de l’agriculture française et de l’alimentation animale. Menaces et opportunités face aux responsabilités sociétales des entreprises.
Thierry POUCH – Chef économiste aux Chambres d’agriculture France
Le constat : une érosion des performances commerciales de la France mais un bilan global positif
Baisse du potentiel productif de l’agriculture française, augmentation des importations agroalimentaires françaises, déclassement de la France du 2ème au 6ème rang des pays exportateurs mondiaux de produits agricoles.
Malgré cela, la France reste une puissance spécialisée dans le secteur agricole, toujours excédentaire. La France est le 1er pays d’UE exportateur vers les pays tiers. Concernant l’UE, la politique des plans d’austérité de certains pays, lors de la crise financière de 2008 à 2012, a modifié l’équilibre commercial au sein de l’UE et fermé certains débouchés, ce qui a entraîné une explosion de l’exportation vers les pays tiers.
La France importe des produits agricoles, mais principalement depuis l’Europe, par exemple 50% du poulet consommé en France est importé en provenance principalement de Pologne, de Belgique et des Pays-Bas. Cela ne signifie pas que la souveraineté alimentaire (ou plutôt l’auto approvisionnement) s’est effondré, car la France reste auto-suffisante sur de nombreux produits agricoles.
Pour le secteur de l’alimentation animale, malgré la baisse de la production de 7%, la France est le 3ème pays producteur de l’UE derrière l’Espagne, l’Allemagne, et devant l’Italie, les Pays-Bas et la Pologne avec 18,7 millions de tonnes produites. Un secteur excédentaire, mal connu et mal représenté dans les analyses sur le commerce extérieur.
Les perspectives de l’élevage et des productions animales : une conjoncture favorable mais des freins au développement
L’avenir de l’élevage suscite des controverses.
Il faut noter l’augmentation de la consommation (surtout de la volaille, liée à son bas coût, son image « santé » et l’absence d’interdit religieux) en France, mais aussi à l’international particulièrement en Asie comme une perspective favorable pour le secteur de la complémentation qui va exporter ses produits, mais aussi ses compétences et son savoir-faire.
Mais l’élevage est soumis à une grande tension liée à la baisse du nombre d’exploitation quelles que soient les espèces ; la taille des exploitations quant à elle augmente. Cette tendance à la baisse des effectifs d’agriculteurs s’inscrit dans la durée au regard de l’attractivité de ces métiers.
Face à ceci, le rapport de la Cour des comptes, sorti en mai 2023 augmente encore le malaise des éleveurs. Certaines aides ne sont économiquement pas efficaces ; ce rapport recommande la baisse de 37% à 39% du cheptel bovin, ce qui se corrèle avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela fonctionne si effectivement, il y a une baisse de consommation. Or si la consommation reste constante, l’importation de viande bovine augmentera et l’impact environnemental aussi, n’ayant donc pas le bénéfice escompté.
L’élevage a des défis à relever. Souffrant d’un déficit d’image que ce soit à cause de son impact sur l’environnement, sur la santé, de la souffrance / mort des animaux, le secteur a pourtant nombre d’atouts à valoriser : la fourniture de protéines à des populations qui en ont besoin, la production d’engrais pour les cultures, la qualité des protéines non substituables, le façonnage des paysages, les solutions pour réduire les impacts environnementaux (génétique, nutrition) …
Il existe une vraie question dans le cadre des accords de libre échange et de l’application des clauses miroirs : peut-on imposer des normes de réciprocité sur les produits que l’on importe ? En théorie oui, cela supprime le risque de distorsions de concurrence ; la position de la France est claire sur ce point, et elle est accusée d’être protectionniste au regard des importations. Toutefois, en pratique c’est extrêmement complexe à mettre en place.
Le Green Deal : des objectifs pour réduire l’impact environnemental de l’agriculture : augmentation des surfaces agricoles en Bio, réduction des émissions de GES, diminution de l’usage des pesticides… qui vont entraîner des conséquences importantes sur l’élevage. Toutes ces données ont été intégrées dans des simulations qui tendent à montrer, à horizon 2030, un décrochage des productions animales.
Des leviers pour la productivité et la compétitivité du secteur de l’agriculture et de l’alimentation animale
Cessons d’être « obsédé » par les prix, car il y aura toujours plus compétitif dans ce domaine. Il faut se concentrer sur la compétitivité « hors prix », et notamment sur les enjeux RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). La RSE est une contribution des entreprises au développement durable, par intégration volontaire des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités de production et commerciales en lien avec les parties prenantes. Et d’après les enquêtes d’opinions, les Français veulent connaître l’impact de leur consommation sur leur santé et sur la santé de la planète. Aussi chaque entreprise doit mettre en place ses propres démarches, adaptées à son activité pour répondre aux attentes sociétales.
Il faut regarder positivement vers l’avenir, la France avec son agriculture et sa nutrition animale a des atouts : l’image de ses productions agricoles, son expertise, les démarches RSE des entreprises… De nombreuses opportunités s’offrent à elle, notamment la demande mondiale en produits animaux, ce qui permettra au secteur de la nutrition animale de s’exporter. Même s’il ne faut pas perdre de vue la concurrence liée aux coûts de production, la perte d’attractivité du secteur, et un risque de se replier au niveau national ou local qui freinera le développement.
Pour Thierry POUCH, il est impossible de conclure au regard de la complexité du sujet et du monde. L’Europe a déjà fait des progrès extraordinaires pour arriver à la place de 1ère puissance d’exportation de produits agricoles, et elle peut encore évoluer et s’adapter. Notre intervenant incite les participants à prendre du recul sur la capacité des entreprises et des États à travailler ensemble en partenariat, et à s’interroger sur le fonctionnement de l’UE et la mondialisation.
Malgré une conjoncture difficile pour l’élevage et le secteur de l’alimentation animale, Thierry POUCH a rappelé que l’économie est un pari sur l’avenir, et que celui-ci offre encore de belles opportunités au secteur de la nutrition animale et qu’il tient aux gouvernances et aux entreprises de ne pas entraver ce développement.
[link]Télécharger le rapport d’activité[/link]